Et voilà déjà trois jours que je suis sur l'île, que je loge dans une chambre d'hôtel, j'ai l'impression d'être juste loin de tout, mais étrangement ça ne m'ennuie pas plus que ça, c'est sympa il n'y a rien à redire et j'ai croisé des gens vraiment adorables, mais je ne suis pas vraiment là en vacances et pour me faire des amis ce n'est pas dans mes habitudes. Et tout cela m'importe peu, c'est lui que je veux voir, lui et personne d'autre. Bizarrement, je ne savais pas vraiment où chercher, enfin jusqu'à aujourd'hui. Une jeune femme m'avais gentiment renseigné. Alors, comme ça il avait son groupe avec son frère et la fameuse Sara Gilmour. Et oui, même moi j'ai entendu parler de cette famille.

Trois jours que je suis là et trois jours que mon téléphone sonne sans arrêt, jours et nuits. Oui, j'ai pensé à l'éteindre pour être tranquille, seulement il y a un hic, si je fais ça, mon père serait capable d'envoyer toutes les équipes de recherche possible et imaginable, pour me retrouver. « Arrête papa, je suis une grande fille, je vais bien bon sang... » J'avance doucement regardant autour de moi, c'est vrai que cette île avait un certain charme. « Je sais qu'il m'attend, mais je ne rentrerais pas, tu ne peux pas comprendre. Je t'aime papa, mais tu m'épuise.» Et comme toujours je lui raccroche au nez. J'ai vraiment besoin qu'il me laisse vivre.

Je marche donc vers le fameux studio d'enregistrement, enfin je crois que je marche dans sa direction, j'en sais trop rien enfaîte, je suis un peu perdue. Jusqu'au moment ou de toute évidence le destin fut de mon côté. Il était là en face de moi, au téléphone. Le choc me fit m'arrêter. Il n'a pas vraiment changé, enfin presque pas. Une certaine mélancolie ce peint sur son visage. Je m'approche doucement de lui, un petit sourire au coin des lèvres. « Salut.» Oh quelle première phrase pourrie, c'est tout ce que je pouvais lui dire après tout ce temps ? Mais je ne sais pas vraiment quoi dire pour engager la conversation.

Je m'attendais à le voir, oui, mais pas comme ça, pas dans ses conditions, dans la rue, devant tout le monde, c'est assez pourrie comme retrouvailles après autant de temps. Mais je fais avec, je me retrouve face à lui, vraiment proche, peut-être trop proche...Je peux voir la surprise dans ses yeux, bonne ou mauvaise je ne sais pas encore. Nous étions là à nous regarder, comme-ci c'était la première fois alors que nous nous connaissons par coeur, mais tout était tellement étrange d'un coup. Que lui dire ? Pourquoi j'étais là ? La question reste plus ou moins stupide il ne faut pas se leurrer, à part pour lui je ne vois pas pourquoi je serais venu jusqu'ici.

Je voudrais lui sauter dessus et l'embrasser comme je ne l'ai pas fait durant tout ce temps, mais je ne peux pas faire ça, pas après le choix que j'ai fait, que je nous ai imposé. Et puis il a sans aucun doute du refaire sa vie, il ne m'a pas attendu, moi et mon mariage foireux. « Tu poses des questions vraiment vide de sens Nath', je suis là pour le festival bien sûr, j'ai entendu dire qu'il valait le détour et qu'un super groupe y jouait.» Je lui fis un sourire et pousser par un élan de tendresse, je m'approche et pose délicatement mes lèvres sur sa joue. « Tu m'as manqué.»

C'est sûr que je vais vite m'ennuyer ici, mais comme je n'ai pas l'intention de rester de toute façon, comme cela au moins nous sommes rôdé. Je ne peux pas rester loin de mon travail aussi longtemps. Déjà que ces trois derniers jours étaient une réelle torture, alors si ça devait continuer plus longtemps...Mais j'avais fait le choix de venir le voir, lui parler, peut-être même pouvoir lui expliquer tout ce qu'est ma vie sans lui aujourd'hui. Le calvaire que c'est de vivre loin de lui depuis tout ce temps. Mais pas comme ça, pas ici. « De toute façon le festival m'importe peu, je ne suis pas là pour lui.» Ce qui était entièrement vrai après tout, j'ai toujours apprécié la musique, mais pas à ce point-là.

Alors qu'il plongeait son regard dans le mien, j'en profitais pour scruter la moindre de ses émotions, un tout petit quelque chose qui me ferait comprendre ce qu'il ressens en ce moment. Sa phrase me fit sourire. « Tu crois ça ? Je pensais réellement que tu me connaissais mieux que ça Nath'.» Il ne m'a pas manqué une seconde, loin de là. Il m'a manqué à chaque instant, chaque moment, chaque centième de seconde de ma foutue vie. Mais comment lui expliquer ça ? Je soupirais après sa phrase. ça faisait quand même très mal. « Tu euh, tu allais quelque part au fait, je te retiens peut-être ? » J'étais très heureuse de le retrouver, mais si il avait autre chose à faire, je pouvais bien attendre. Nous n'étions plus à quelques heures près maintenant.

Tout ça tournait limite au ridicule, ses retrouvailles étaient tellement pas ce à quoi je m'attendais, enfin en même temps à quoi j'aurais pu m'attendre ? Je l'avais abandonné pour ma carrière et aujourd'hui que j'étais réellement installé dans ma vie professionnelle je revenais vers lui, tout cela était quelque peu...égoïste, car je ne pensais qu'à moi et pas le moins du monde à ce que lui pouvait ressentir, à quel point j'ai pu lui manquer ou non. « Je reste quand même quelques jours, mais merci de me rappeler à quel point mon boulot me rend pathétique .» Je ne voulais pas vraiment dire ça ou peut-être que si, je ne sais pas, je ne sais plus, en sa présence je ne résonne plus de façon objective. Seulement l'entendre dire ça me blesse, me fait beaucoup de mal. C'est terrible, mais je dois affronter tout ça, je lui dois, je le mérite.

Bien sûr que non, je ne doutais en rien du fait qu'il en sache plus sur moi que je pouvais l'imaginer, seulement les semaines, les mois et mêmes quelques années avaient passé depuis nos dernières conversations et nous avions tous les deux changer depuis ce temps-là, ce temps qui me semble si loin aujourd'hui, une autre vie peut-être...« Je ne doute pas de toi Nath', je sais que tu me connais autant que je te connais.» Je lui fis un petit sourire entendu, par coeur, voilà comment nous nous connaissons, même si le temps et la vie nous a éloigné, nous sommes plus ou moins toujours ce que nous étions. « Tu veux qu'on aille boire un café ? Je crois que nous avons pas mal de temps à rattraper.» C'est vrai après autant de temps, nous avions beaucoup de choses à nous dire.